Artisanat du Vietnam: histoire et objets à découvrir
———————————————————————————
L’artisanat du Vietnam est une très bonne raison de visiter ce pays.
Localisés principalement dans le Delta du Fleuve rouge près de la capitale Hanoi, les villages d’artisans ont fait beaucoup pour la réputation du Vietnam à travers les siècles. Nous retraçons dans cet article l’histoire des villages de métiers du Delta du Fleuve Rouge.
Nous vous dirons aussi quoi ramener lors de votre séjour au Vietnam.
Vous saurez ainsi quoi offrir comme cadeau du Vietnam à vos amis !
N’hésitez pas à nous contacter pour organiser des visites.
Table des matières de l'article
Introduction à l’histoire de l’artisanat au Vietnam
L’artisanat vietnamien a une longue tradition remontant au début de la civilisation où les peuples fabriquaient avec soin les premiers outils de travail en pierre ou des objets quotidiens en poterie. Vous pourrez avoir un bon aperçu des découvertes archéologiques lors de votre visite du Musée d’Ethnographie d’Hanoi.
C’est à la fin de la conquête chinoise (15ème siècle) que les villages de métiers ont pris leur essor, quand la capitale de l’Empire s’est déplacée de Hoa Lu à Thãng Long, au bord du fleuve Rouge.
Ces villages développèrent alors un artisanat lié au sacré et au luxe (soieries, céramiques, bijoux, broderies etc…) destiné à être vendu à la Cour Royale, à la classe supérieure, au culte religieux et dans d’autres pays comme la Chine et le Japon.
De grands ouvrages tel le Temple de la Littérature portent l’empreinte d’artisans de ces villages spécialisés. L’industrie textile était également très active et la soie fabriquée par une dizaine de villages était très réputée. Ces artisans eurent une excellente réputation, à la capitale mais aussi à l’étranger (les céramiques étaient très prisées en Chine et au Japon).
À côté de cet artisanat du luxe existait également un artisanat populaire pour la vie quotidienne : artisanat agricole, céramiques, cotonnades…
Intérieur du temple de la littérature, Hanoi, Vietnam
Tous ces villages avaient des relations privilégiées avec la capitale et le commerce se faisait dans le « Quartier des 36 rues et des corporations ».
A partir du 17e siècle, ce quartier fut organisé en rues spécialisées dans des types d’articles particuliers fabriqués dans les villages de métiers.
En réalité, on ne comptait pas 36 mais plus d’une centaine de rues ! Chaque rue possédait le nom de la marchandise qui y était vendue. Et dans chaque rue on trouvait certains artisans venus de leur village.
Autour de la capitale s’est ainsi construit un réseau de marchés fréquentés par des commerçants qui venaient aussi faire des affaires dans la capitale. La sphère d’influence de la ville s’étendit alors de plus en plus.
La région s’intégra autour de l’activité de ces 36 rues et des villages qui les fournissaient.
Le quartier des 36 rues et corporations en cyclo-pousse, Hanoi. Crédit photo : Mathieu Arnaudet
Même après le déménagement de la capitale à Hue sous l’Empire des Nguyen, le commerce des « 36 rues » continua de prospérer, cette fois-ci grâce à l’apport des populations chinoises venues s’implanter au Vietnam et exportant dans leur pays d’origine.
Après la guerre d’indépendance, les choses changèrent radicalement : la production individuelle fut interdite et les villageois furent contraints d’intégrer les coopératives agricoles ou artisanales. Les villageois durent ensuite travailler pour l’effort de guerre en produisant des biens pour la vie quotidienne des populations, pour les pays socialistes frères et pour l’armée.
Si bon nombre de métiers furent laissés de côté, d’autres, exercés dans les coopératives, connurent un bel essor. Par exemple, la vannerie, la sculpture sur bois et l’incrustation de nacre sur le bois ont bénéficié d’un large support de l’État et des provinces. La coopérative organisait la vie professionnelle et la formation (des maîtres artisans venaient y transmettre le savoir aux paysans). Cependant la mauvaise gestion et les très faibles salaires versés aux coopérateurs ne réussirent pas à valoriser ce savoir-faire.
Après la chute du Mur de Berlin en 1989, les coopératives perdirent leurs débouchés préférentiels et c’est toute une économie qui allait rapidement changer. L’État n’allait plus contrôler toute l’économie, restait alors aux artisans à trouver de nouveaux débouchés par eux-mêmes. Les villages se réorganisèrent alors et purent décider de leur stratégie propre. Les villages qui réussirent avec brio le passage à l’industrialisation purent s’intégrer au marché national et international.
Entre 1995 et 2002, le nombre de villages de métier serait passé de 500 à 1 000 dans le delta du fleuve Rouge, ce qui représente 40 % des villages artisanaux du Vietnam. La moitié serait localisée dans un rayon de cinquante kilomètres autour de Hà Nội.
Pourquoi cette augmentation ? En raison notamment de l’accroissement de la spécialisation et de la division du travail. La tradition du « cluster » (regroupement géographique de villages spécialisés dans la même branche d’activité, dont les entreprises sont interconnectées, et au sein duquel existe une grande division du travail) perdure depuis le 17e siècle et s’est ainsi adaptée aux temps présents.
De nouvelles problématiques sont néanmoins apparues auxquelles ces villages de métiers doivent se confronter: l’urbanisation croissante, la construction tous azimuts des zones industrielles à capitaux étrangers ou urbains et la spéculation foncière.
Cependant, l’urbanisation n’est pas systématiquement annonciatrice de la mort des activités artisanales. Les villages les plus célèbres, tels Bát Tràng ou Vạn Phúc, ne sont-ils pas localisés dans la banlieue de la capitale ?
Des objets artisanaux à découvrir
Les poteries et céramiques
Plusieurs villages au fil de l’histoire se sont spécialisés dans la confection de poteries et de céramiques.
Vous pouvez retenir quelques noms : Bat Trang, Phu Lang et Kim Lan disposent de musées et font des efforts pour la sauvegarde et la transmission des savoirs.
Durant la visite de ces villages, vous comprendrez mieux les processus complexes de fabrication et vous pourrez vous essayer à leur confection, à l’aide d’artisans bien sûr.
La céramique est un des cœurs de métier du Delta du Fleuve Rouge, à tel point qu’en 2010 pour célébrer le millénaire de la capitale Hanoi, le gouvernement, aidé en cela par leurs partenaires internationaux, a produit la plus longue mosaïque du monde s’étendant sur 4 kilomètres de la porte An Duong jusqu’à la porte de Van Kiep, tout le long des rues Trần Nhật Duật, Trần Quang Khải et Trần Khánh Dư.
Cette mosaïque présente l’histoire et le patrimoine du Vietnam en de nombreux tableaux. Chaque mètre carré de la fresque est fait de 1.000 tesselles de céramique de 3×3 cm. Toutes proviennent du village céramique de Bat Trang.
Femme expliquant son métier à Bat Trang, près de Hanoi, Vietnam. Crédit photo: Mathieu Arnaudet
Les laques
La laque est une résine, qui est appliquée sur des objets en bambou ou en bois.
Provenant de Chine, cet artisanat avait pour but de protéger les matériaux contre l’humidité et les insectes.
Le village spécialisé le plus connu dans cet artisanat s’appelle Ha Thai, aujourd’hui situé dans la banlieue de Hanoi. La qualité des laques de ce village était réputée non seulement au Vietnam mais également à l’étranger. Les artisans mettaient parfois plus de 6 mois à finaliser une une œuvre en laque naturelle!
La coopérative du village a ouvert un magasin à Hanoi et nos circuits dans Hanoi peuvent vous y emmener. Là-bas vous pourrez avoir un aperçu de la fabrication et surtout apprécier l’art décoratif des artisans.
Le travail de laque dans un show room à Hanoi, Vietnam. Crédit photo: Mathieu Arnaudet
Les papiers et estampes
Les papiers et estampes ont une valeur importante au Vietnam en ce qu’ils sont une part de la mémoire du pays et donc de la nation vietnamienne. Ils reflètent le plus souvent la vie dans les campagnes comme le travail dans les rizières ou les fêtes traditionnelles.
Les estampes sont fabriquées à partir de papier traditionnel « do » (papier d’origine végétale). Celui-ci est ensuite enduit de poudre de coquillages blancs, rendant la surface brillante. Les feuilles sont ensuite teintées avec des couleurs naturelles. Les estampes les plus connues proviennent du village de Dong Ho dans la Province de Bac Ninh.
Par le passé, les produits de ce village étaient très prisés pour la fête du Têt et les décorations lors de célébrations traditionnelles (décoration des autels, des pagodes et des maisons communales). Les débouchés étant limités et les revenus faibles, beaucoup de familles ont dû se reconvertir. Mais la tradition perdure, notamment grâce aux familles des artisans Nguyên Huu Sam et Nguyên Dang Chê. Un plan de réhabilitation et d’attractivité 2014 – 2020 a été adopté et il est possible de découvrir le processus de fabrication et de voir à l’œuvre des artisans.
Encore beaucoup d’objets sont fabriqués en papier au Vietnam, depuis les jouets et marionnettes jusqu’aux objets de culte que l’on fait brûler sur l’autel des Ancêtres ou dans les pagodes.
Brûler des objets en papier est une tradition provenant de Chine et c’est la manière qu’ont les vietnamiens de transmettre leurs vœux aux morts. Il faut envoyer des offrandes aux génies pour que les ancêtres puissent être heureux.
Ces offrandes se déroulent tous les premier et 15e jours de chaque mois lunaire ou à l’anniversaire de la mort de quelqu’un (compté toujours selon le calendrier lunaire), et encore dans les fêtes traditionnelles.
Vous pourrez avoir un aperçu de ces objets, et pourquoi ne pas ramener un souvenir, en vous rendant dans la rue Hang Ma dans le Vieux Quartier d’Hanoi.
Création d’estampes dans le village de Dong Ho, Province de Bac Ninh, Vietnam. Crédit photo: Mathieu Arnaudet
Le bambou
Avec le riz, c’est un des symboles des cultures asiatiques !
Au Vietnam, il tient une place toute particulière dans le roman national puisque la légende veut qu’au début de l’histoire vietnamienne, le bambou fut utilisé par l’enfant-géant du village de Giong pour chasser les envahisseurs étrangers, déjà !
L’histoire, réelle cette fois, met également à l’honneur le bambou: au 12e siècle par exemple quand les hordes mongoles furent repoussées par les hommes utilisant des embarcations en bambou. Dans les guerres contemporaines, le bambou tient une place importante dans les services logistiques de l’armée.
Mais le bambou n’est pas utilisé qu’en temps de guerre et heureusement !
En cuisine, les pousses de bambou (măng) entrent dans la confection de nombreux plats.
En médecine traditionnelle, ses feuilles peuvent être bouillies et l’eau des jeunes pousses traiterait le coma et apaiserait la fièvre.
En construction, le bambou mâle est utilisé pour la charpente et le bambou femelle sert à faire des cordes. Il est aussi utilisé pour faire des outils en agriculture (herse, manche de pioche, pelle etc…) et pour la pêche (canne, nasse etc…).
Il sert aussi dans la confection de moyens de transport comme des barques, charrettes et paniers. Et bien sûr il est utilisé dans la fabrication de mobiliers comme les lits, tables, chaises…
Le bambou est également mis en valeur dans les arts vietnamiens : musique (flûte, castagnettes), ornementation (stores, bibelots), jardin d’agrément. De même il est très prisé pour la confection des jouets d’enfants : les lampes et jouets donnés traditionnellement aux enfants durant la fête de mi-automne sont faits de bambous.
Il tient même une place dans la transmission des valeurs : Tre già măng mọc (Quand le bambou vieillit, la jeune pousse croît) exprime dans la culture populaire la confiance dans la jeune génération.
Pour découvrir la manière dont sont confectionnés de nombreux objets en bambou et en rotin, nous vous conseillons d’aller visiter le village de Phu Vinh à 35 km de Hanoi. Une très grande majorité de ses habitants travaillent le bambou et le rotin depuis près de 400 ans et toujours de manière ancestrale. Vous pourrez vous procurer de magnifiques paniers ou abats jours. N’hésitez pas, le bambou et le rotin sont présents en abondance au Vietnam et leurs ressources sont renouvelables !
Tissage et peinture sur soie
La découverte de la technique du tissage de la soie remonterait à 3 000 ans avant Jésus Christ en Chine.
Cette technique se répandit ensuite dans toute l’Asie. Au Vietnam, ce serait au 9e siècle de notre ère, sous domination chinoise, qu’elle commença à être enseignée. Ce serait Madame Lã Thị Nga, épouse du mandarin Cao Biền, qui décida de s’installer dans le village de Vinh Phuc, à 10 km au sud-ouest de Hanoi.
Les villageois développèrent ainsi le tissage de la soie, qui fait toujours leur renommée aujourd’hui. Ce fut durant la dynastie Nguyen que l’art de ce village connut ses heures de noblesse. Les produits étaient ainsi réservés à la haute classe de la société, aux souverains, aux mandarins, aux riches et aux nobles.
Les articles furent exportés dans la région puis en Europe sous la domination française. Aujourd’hui c’est une marque reconnue internationalement, mise en valeur par une association des artisans de Van Phuc qui promeut également leur art ancestral.
Cet article doit beaucoup au travail des chercheurs de l’IRD: A la découverte des villages de métier au Vietnam : dix itinéraires autour de Ha Nôi. Cet ouvrage étudie l’histoire et les transformations à l’oeuvre des villages de métier du Delta du Fleuve Rouge.
Vous avez envie de découvrir ces villages de métier avec nous?
[/vc_column_text][/vc_column]
Réponse sous 48h
Sorry, the comment form is closed at this time.