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Préparation d'une cérémonie de Ba Dong, Festival Phu Day, Nam Dinh, Vietnam

Le culte des déesses-mères au Vietnam

Chaque année au Vietnam, au début du 3ème mois lunaire, se déroule un Festival à Phu Day près de Nam Dinh. A cette occasion les visiteurs viennent célébrer la Princesse Lieu Hanh.

Pourquoi ce Festival est important pour la culture vietnamienne ? Qu’est-ce qu’il dit sur la spiritualité au Vietnam? Cet article vous en dit plus sur le culte des déesses-mères au Vietnam, dont le Festival de Phu Day en est la plus importante manifestation. 

 


 

Présentation du culte des déesses-mères

Au fil des siècles, et avant l’arrivée des grands courants de pensée (bouddhisme, taoïsme et confucianisme), le peuple vietnamien a produit des croyances profondes encore enracinées dans la culture populaire d’aujourd’hui.

Pour le peuple vietnamien, les différentes composantes de la nature (soleil, lune, montagnes, rivières, etc…) sont considérées être des mères ayant des pouvoirs d’action sur le monde terrestre. Chaque mère est une déesse à laquelle un culte doit être associé.

Dans une étude datant des années 1980, des chercheurs vietnamiens ont essayé de recenser le nombre de déesses recevant un culte … et ils arrivèrent au nombre de 75 !

De ces croyances orientales disparates est née une véritable religion, appelée « culte des Déesses Mères ».

Cette religion acquit ses premières caractéristiques pendant la première domination chinoise du Vietnam, durant laquelle le taoïsme fut introduit et enseigné.

C’est ainsi que vers l’an 1000, un panthéon de divinités vit le jour, présidé par la figure taoïste de l’Empereur de Jade.

Quatre déesses figurent tout en haut de ce panthéon et président chacune un « palais » (tu phu) : Paradis (thien phu), Terre (dia phu), Eau (thoai phu) et Forêts et Montagnes (nhac phu). Parmi ces déesses, l’une règne sur les autres, il s’agit de la Mère du paradis (Mau Thuong Thien), personnalisée par Lieu Hanh, la fille de l’Empereur de Jade, qui, selon la légende, s’incarna sur terre en une petite fille au 16e  siècle.

 

Femmes priant sur la tombe de Lieu Anh, Festival de Phu Day, Nam Dinh, Vietnam

 

Pratiquer le culte de la Déesse Mère, c’est attendre d’être guidé dans le monde actuel et non pas prier pour son salut dans un autre monde. La sagesse et la spiritualité vietnamienne se situe ainsi dans l’immanence et non pas dans la transcendance.

Alors que le culte avait été interdit après la prise de pouvoir du régime communiste, les politiques de libéralisation (économique et culturelle) à partir des années 80 lui ont permis de revivre et aujourd’hui de prospérer. Les cérémonies et les festivités religieuses sont nombreuses, ce qui a conduit l’UNESCO à reconnaître le « Tho Mâu Tam Phu » (« culte des Déesses Mères ») comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2016.

De nombreux festivals virent le jour, célébrant différentes déesses. Le plus important d’entre eux est celui de Phu Dây, rendant hommage à la déesse Lieu Hanh, personnage le plus important du panthéon des esprits.

 

La célébration de la Princesse Lieu Hanh à Phu Day

La première Déesse Mère (Mâu Thuong Thiên) est célébrée tous les ans au début du 3e mois lunaire dans la commune de Kim Thai, province de Nam Dinh. Dans cette commune, pas moins de 21 bâtiments constituent ce qui a été appelé le Temple de Phu Dây. Parmi ces bâtiments, trois sont liés au culte de la déesse Liêu Hanh : le Temple Tiên Huong (le principal), le temple Vân Cat et le sanctuaire de la Princesse Liêu Hanh. C’est dans ces temples que chaque année des milliers de personnes (et principalement des femmes) viennent rendre le culte à la Déesse.

Dans ces temples, le buste « Mâu Thuong Thiên » est toujours situé au centre, entouré des autres mères que sont « Mâu Thuong Ngàn » (« deuxième Mère »), qui s’occupe de la forêt et de la montagne, principal habitat des diverses minorités ethniques, et « Mâu Thoai » (« troisième Mère »), qui prend soin des rivières et des eaux, pour la riziculture et la pêche.

Mâu Thuong Thiên, quant à elle, gère le firmament et maîtrise les actes naturels tels que nuages et pluie, vent et tempête tonnerre et foudre. C’est la couleur rouge qui caractérise cette divinité.

 

Chaman faisant l’intermediaire avec la Déesse Lieu Anh, Festival Phu Day, Nam Dinh, Vietnam

 

Pendant plusieurs jours, les vietnamiens viennent pratiquer le culte de la Déesse Mère. La pratique de ce culte est très scénique : il s’agit du hâu dông.

 

Guides spirituels et chamans au Vietnam dans la cérémonie de hâu dông

Pour pouvoir être guidé par les divinités, il faut aux humains entrer en relation avec ces dernières.

Seules certaines personnes ont la capacité de pouvoir faire le lien entre les esprits et les humains. Ce sont des chamans (« ba dong »), hommes ou femmes, ayant eu à un moment de leur vie la révélation d’un appel ou d’un lien avec l’une des figures du panthéon des esprits.

Pour être en capacité de faire la médiation, il leur faut organiser une « cérémonie d’initiation au palais » qui les intronisera auprès de l’esprit en question. Cette cérémonie a un coût très élevé et est donc réservée par définition à celles et ceux ayant les moyens d’obtenir cette intronisation. Elle assure du même coup richesse et prospérité dans la mesure où le « métier » de ba dong est très bien rémunéré…

 

Préparation d’une cérémonie de Ba Dong, Festival Phu Day, Nam Dinh, Vietnam

 

La cérémonie de « hâu dông » est un véritable spectacle où le ba dong, assisté dans sa tâche par des musiciens (« cung van ») et des « auxiliaires d’offrandes » (« hâu dâng »), jouera 36 scènes (« gia dông »), chacune d’entre elle étant dédiée à une divinité. À chaque scène correspondent des danses et des costumes particuliers. La possession (ou transe) peut avoir lieu durant ces spectacles mais elle est en fait très rare, surtout à l’occasion d’un culte donné à la déesse Lieu Hanh qui pour certains est un esprit trop important pour entrer en contact avec les humains ! Les rituels des scènes et le spectacle offert tiennent en réalité une place plus importante que l’entrée en relation avec les esprits.

 

Reportage photo des festivités

Découvrez ci-dessous d’autres photos prises durant le Festival de Phu Day du mois d’avril 2018.

Vous pourrez ainsi mieux vous représenter le culte de la Déesse Mère dans la culture vietnamienne !

 

Temple à l’entrée du Festival, Phu Day, Nam Dinh, Vietnam

 

Papiers votifs à l’entrée du Temple principal, Phu Day, Nam Dinh, Vietnam

 

Femme « ba dong » pendant une performance « spirituelle » au Festival de Phu Day, Nam Dinh, Vietnam

 

Femme visitant le Festival avec un moine de son village priant, Phu Day, Nam Dinh, Vietnam

 

Personne se lavant de pêchés » commis dans la précédente vie et la hantant toujours dans l’actuelle, Phu Day, Nam Dinh, Vietnam

 

Femme portant des offrandes au Festival de Phu Day, Nam Dinh, Vietnam

 

Femmes apportant des offrandes sur le site du Festival de Phu Day, Nam Dinh, Vietnam

 

Pour aller plus loin :

  • Festival de Phu Day près de Nam Dinh se déroulant tous les ans au début du 3e mois lunaire (au début du mois d’avril généralement) ;
  • Le spectacle « 4 Palaces » à Hanoi qui se joue toutes les semaines et met en scène une cérémonie de hâu dông. Ce spectacle peut être intégré à un séjour dans la capitale vietnamienne ;
  • Le livre de l’anthropologue Monique Sélim: Pouvoirs et Marché au Vietnam. Tome 2 : Les morts et l’État, Éditions L’Harmattan, 2003. Un très bon livre qui revient sur les manières dont sont utilisées aujourd’hui les croyances ancestrales dans un pays en voie de transition vers un système capitaliste.

 

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