Histoire des Jonques Traditionnelles Vietnamiennes
Faisant partie intégrante de la culture maritime asiatique, la jonque est devenue le symbole incontournable d’un voyage et d’une croisière de charme au Vietnam.
Qu’elles soient côtières, de rivière ou de mer, élégantes et silencieuses, les jonques arpentent depuis des siècles les paysages idylliques du nord Vietnam, au premier rang duquel figure la Baie d’Halong, indissociable de ces dernières.
Si aujourd’hui les jonques traditionnelles sont avant tout privatives et dédiées au tourisme, il n’en demeure pas moins qu’elles possèdent une histoire riche et passionnante
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Histoire des Jonques
Du javanais djong ou malais adjong, signifiant « bateau » ou « large vaisseau », les jonques font partie des plus anciennes embarcations créées par l’homme.
Plus communes à partir du IIème siècle de notre ère et originaires de la mer de Chine et de la région de Java, ce n’est qu’au XIIIème siècle qu’elles feront leur entrée dans l’imaginaire occidental grâce aux voyages et aux récits de Marco Polo.
Par ses témoignages, plans et explications, ce dernier a d’ailleurs joué un rôle crucial dans l’histoire de la navigation européenne, inspirant les constructeurs de bateaux tels que ceux utilisés par Christophe Colomb pour atteindre l’Amérique au XVIème siècle.
Au cours des siècles, les jonques eurent de multiples utilités.
Jonque traditionnelle du XIVème siècle
Les jonques, un pont culturel et commercial
Grâce aux jonques côtières, l’Asie du Sud-Est se vit reliée à l’Inde et au golfe d’Arabie, et furent la clé de voûte des échanges entre ces régions du monde, embarquant des centaines de tonnes de cargo.
Le commerce de la soie, de la porcelaine et du thé en l’échange d’ivoire, d’épices ou d’or a fait pendant des siècles la fortune des commerçants asiatiques, avec une période particulièrement faste entre le XVIème et le XVIIème siècle. Les succès et le renom commercial des nations telles que la Chine dans le domaine du commerce sont ainsi intrinsèquement liée à l’histoire de leurs jonques.
Mais il ne faut pas croire que les jonques n’aient échangé qu’en Asie. Au XIXème siècle, certaines traversèrent l’océan Pacifique pour rejoindre les Etats-Unis, ou contournèrent le Cap de Bonne Espérance pour se rendre jusqu’en Angleterre, telle la jonque Keying partie de Hong Kong en 1846, jonque devenue depuis un musée flottant.
Les jonques, farouches guerrières des mers
Capables de transporter des centaines d’hommes à bord, les jonques ont servi lors de nombreuses expéditions militaires et débarquements en Asie. Parmi les épisodes les plus méconnus de l’Histoire, on compte l’invasion des îles du Japon et de Java au XIIIème par … une flotte Mongole ! Loin de se cantonner aux conquêtes à dos de cheval, les Mongols étaient en effet des navigateurs hors pair qui ont élargi leur influence dans la région grâce aux jonques.
Les plus grandes expéditions furent par la suite menées par la Chine sous la dynastie Ming (XV-XVIIème siècles), notamment par l’amiral Zheng He, un homme qui découvrit le cap de Bonne Espérance 92 ans avant Vasco de Gama. L’amiral était à la tête d’une des plus impressionnantes armada de toute l’histoire, avec une flotte composée de 30 000 marins et de 300 vaisseaux aux fonctions complémentaires : patrouille, transport de troupes, de chevaux, d’eau et ressources, de butins. La taille de ces vaisseaux excédait de loin tout ce qui se faisait en Europe à cette époque, puisque sa plus grande jonque mesurait quelques 400 pieds de long (122 mètres) pour 150 de large (46 mètres) et un total de 9 mâts !
On retrouvera enfin les jonques au cours des légendaires Guerres de l’Opium qui opposèrent la Chine aux puissances coloniales Anglaises, Françaises, et Américaines au milieu du XIXème siècle.
C’est à cette époque que se clos le roman militaire des jonques, surpassées techniquement par les navires de guerre occidentaux en métal.
La Compagnie des Indes Orientales détruit les jonques de guerre chinoises dans le delta de la rivière
des Perles le 7 janvier 1841. Tableau de E. Duncan (1843)
Les jonques et l’aventure pirate
C’est sans doute l’une des facettes les plus excitante de l’histoire des jonques traditionnelles que celle de la piraterie. Si les faits de piraterie remontent à des temps immémoriaux, c’est particulièrement au cours des XVIIIème et XIXème siècle que ces navires écumant la de la Mer de Chine ont été au cœur des plus terribles batailles navales de l’histoire, inspirant la crainte des plus puissants.
L’un des personnages le plus emblématique de l’histoire de la piraterie en jonque est sans nul doute la pirate chinoise Ching Shih. A l’époque où Napoléon et l’amiral Nelson se livraient bataille à Trafalgar avec une trentaine de navires d’un côté comme de l’autre, Ching Shih commandait quant à elle un total de 300 jonques (soit 20 à 40 000 hommes !). Dotée d’une telle force, la pirate a mainte fois mis en échec ses rivaux directs, de même que les anglais et le gouvernement chinois dont les navires saisis vinrent grossir sa flotte pirate. Ce n’est qu’en 1810 que les Portugais installés à Macau la mirent finalement en échec suites aux batailles de « la bouche du tigre » et de « Chek Lap Kok« .
Les jonques de pêche, derniers vestiges des jonques traditionnelles
De toutes les utilités qu’ont trouvé les jonques au cours des siècles, celle de la pêche est bien la plus durable. Ainsi, dans de nombreux petits ports d’Asie et du Vietnam, les jonques de pêche ont encore une place dans le cœur des habitants fidèles à leurs traditions.
Plus petites et donc plus maniables que ses grandes sœurs pirates ou militaires, les jonques de pêche peuvent se faufiler avec aisance parmi la myriade d’îles parsemant la Baie d’Halong.
La construction des jonques traditionnelles vietnamiennes
A première vue, la jonque peut sembler être un navire bien étrange.
Ses voiles paraissent fragiles et irrégulières, et leur forme carrée n’est pas hydrodynamique. La proue est trop basse, la poupe trop haute et le tableau arrière trop large. Cependant, il s’agit de l’un des navires les plus navigables qu’une civilisation ancienne ait jamais construit.
Le secret de l’efficacité des voiles de la jonque réside dans ses lattes en bambou robuste. En fonction de la jonque, la grand voile en comporte entre six et vingt. Ces lattes gardent la voile aussi plate que les voiles modernes, à l’image des catamarans et des voiles de planche à voile. Mais comme ces voiles sont placées obliquement les unes par rapport aux autres, cela signifie que toutes les voiles peuvent profiter de la pression du vent, rendant l’embarcation très rapide.
La jonque est par ailleurs très résistante, car lorsqu’une voile est endommagée, la coupe s’arrête au niveau des lattes, là où sur les bateaux occidentaux, toute la voile peut se déchirer. Ce système de latte s’avère également très pratique pour les marins qui peuvent régler les voiles depuis le pont sans avoir à se mettre en danger en grimpant au mât.
Notre jonque privative traditionnelle « 4 saisons »
Concernant la composition des voiles de la jonque, les toutes premières n’étaient pas faites de toile, mais d’herbe tissée, qui devait être trempée dans des tanins pour être renforcée. Cela aboutit à une teinte brun rougeâtre, qui a été conservée lorsque les mâts en toile ont été inventés.
Les jonques traditionnelles sont généralement en bois d’arbres résineux tel que le teck ou le bois de fer. Mais leur grande robustesse peut être attribuée à ses énormes cloisons internes. Ces cloisons divisent la coque creuse en plusieurs compartiments étanches, rendant les jonques pratiquement insubmersibles. C’est de cette conception de jonque traditionnelle que provient le processus de construction des navires modernes. Les compartiments avant comportent souvent des «trous souples» permettant à l’eau d’entrer et de sortir du compartiment, aidant ainsi à lester le navire dans des eaux agitées.
Une autre caractéristique remarquable de l’ingénierie navale est le gouvernail de direction monté à la poupe, qui semble avoir été l’un des premiers au monde. Ce gouvernail fixé à l’arrière est percé de trous en losange, une innovation chinoise du Ier siècle avant Jesus Christ. Il faudra attendre le XXème siècle pour voir de tels gouvernails arriver en Europe.
Enfin, une jonque n’a pas de quille, tout comme un bateau occidental à fond plat, mais sont équipés d’une dérive, une autre invention restée inconnue des constructeurs de navires occidentaux pendant des siècles.
En savoir plus sur la Baie d’Halong
La baie d’Halong est l’une des merveilles naturelles les plus étonnantes de la Terre, et l’un des trésors les plus prisés du Vietnam. A 3 heures de route de Hanoi, la baie d’Halong se trouve au nord-est du Vietnam, sur les rives du golfe du Tonkin. La baie d’Halong est formée de l’île Cat Ba au sud, des îles Ngoc Hung et Van Canh à l’est et de la côte vietnamienne au nord et à l’ouest.
La baie est dominée par plus de 1 600 karsts et îlots calcaires qui émergent des eaux jusqu’à des hauteurs de 100 mètres, et regorge de nombreuses grottes. Les plus visitées sont la grotte Thien Cung (palais céleste), la grotte Sung Sot (Surprise) et la grotte Trinh Nu (Vierge). La beauté des paysages, les richesses archéologiques et géologiques, les attractions culturelles et les fruits de mer frais font de la baie d’Halong l’un des lieux les plus fréquentés du Vietnam et des plus réputés pour une croisière en jonque traditionnelle.
L’importance de la baie d’Halong est telle qu’en 1994, l’UNESCO a reconnu le cœur de la baie d’Halong comme étant un site du patrimoine mondial naturel et a déclaré qu ‘«à part la baie d’Halong, il n’y a pas de sites équivalents sur la Liste du patrimoine mondial …»
C’est dans ce décor de rêve que vous pourrez croiser d’authentiques jonques vietnamiennes, et qu’elles soient de pêche ou réservées au tourisme, toutes rivalisent de charme et d’élégance.
Que faire lors d’une croisière en jonque traditionnelle ?
Un séjour en jonque sur la baie d’Halong s’accommode de toutes les humeurs.
Que vous soyez en lune de miel, en famille ou aventurier solitaire, chaque croisière en jonque vous laissera un souvenir mémorable.
Lors de nos croisières nous proposons un panel d’activités très varié : balades en vélo ou en moto sur l’île de Cat Ba, séances nocturnes de pêche à la seiche, cours de cuisine et repas traditionnels à bord de nos jonques ou dans des villages de pêcheurs, sorties en kayak, visites de grottes, de plages, de villages flottants … et bien entendu farniente au coeur de l’un des paysages les plus spectaculaires du monde.
Nos croisières en jonque au Vietnam
Crédit photos: Mathieu Arnaudet
Sources :
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