Histoire de Hue, Vietnam

 

Hue, située au centre du Vietnam, est une ville imprégnée d’histoire et de culture. Ancienne capitale impériale de la dynastie Nguyen, Hue est un trésor de monuments historiques, de temples, de pagodes et de tombeaux royaux. La ville est célèbre pour son architecture élégante, ses traditions artistiques et sa cuisine raffinée.

Cet article explore en profondeur l’histoire de cette fascinante ville qu’est Hue. 

 

Histoire de la ville de Hue 

 

La dynastie Nguyen 

 

La Légende de l’Empereur Gia Long et la Fondation de Hue

L’empereur Gia Long, de son vrai nom Nguyen Phuc Anh, est une figure emblématique de l’histoire de Hue. Sa montée au pouvoir est jalonnée d’épreuves et de luttes. En 1789, après une série de batailles sanglantes contre les Tây Sơn, il réussit à unifier le pays et à établir la dynastie Nguyen. Selon la légende, Gia Long choisit Hue comme capitale après avoir consulté un oracle qui prédisait que cette région apporterait prospérité et stabilité à son règne. Pour concrétiser cette vision, il fit construire la Cité Impériale, symbole de la puissance et de la grandeur de sa dynastie.

 

L’Empereur Minh Mang et son règne réformateur

L’empereur Minh Mang, fils de Gia Long, est connu pour ses réformes administratives et culturelles. Son règne, de 1820 à 1841, est marqué par une centralisation du pouvoir et une consolidation de l’État vietnamien. Minh Mang est également célèbre pour son opposition aux influences étrangères et son effort pour préserver l’identité culturelle vietnamienne. Une anecdote intéressante raconte que Minh Mang, grand amateur de poésie et de littérature, passait des heures à composer des poèmes et à organiser des concours de poésie à la cour impériale.

 

Les empereurs bâtisseurs

Sous la dynastie Nguyen, Hue se transforme en un centre vibrant de culture et de pouvoir. Les empereurs Nguyen construisent la Cité Impériale, inspirée de la Cité Interdite de Pékin, qui devient le cœur de la ville. Cette période voit également la construction de nombreux temples, pagodes et tombeaux royaux, chacun reflétant la grandeur et l’esthétique de l’époque. La dynastie Nguyen règne jusqu’en 1945, marquant plus de 140 ans d’influence impériale.

 

Les empereurs lettrés

Les empereurs de la dynastie Nguyen étaient non seulement des dirigeants politiques et militaires, mais aussi des lettrés passionnés par la poésie et les arts. La place des lettres dans leur vie et leur règne était centrale, reflétant l’importance de la culture et de l’érudition dans la cour impériale de Hue. Cette tradition littéraire a contribué à faire de la Cité Impériale un centre intellectuel et artistique majeur du Vietnam.

L’empereur Minh Mang (règne de 1820 à 1841) est particulièrement renommé pour sa contribution à la poésie vietnamienne. Connu pour sa rigueur administrative et ses réformes, Minh Mang était également un poète prolifique. Il composait des poèmes sur une variété de thèmes, allant de la politique à la nature, en passant par les relations humaines. Ses écrits reflètent une profonde connaissance des classiques chinois et vietnamiens, ainsi qu’un engagement personnel envers l’art poétique. Minh Mang organisait régulièrement des concours de poésie à la cour, encourageant les lettrés et les érudits à démontrer leur talent littéraire.

Sous les Nguyen, la cour de Hue devient un foyer de culture et de littérature. Les empereurs encourageaient l’éducation et le développement des arts, attirant des poètes, des érudits et des artistes de tout le pays. Des académies littéraires et des sociétés de poésie fleurissent, faisant de Hue un centre dynamique de production et de diffusion culturelle. Les concours de poésie, les lectures publiques et les débats littéraires étaient des événements réguliers qui célébraient l’importance des lettres dans la vie de la cour.

L’accent mis par les empereurs Nguyen sur la poésie et les arts a eu un impact durable sur la culture vietnamienne. La littérature et la poésie sont devenues des piliers de l’identité nationale, influençant les générations futures de lettrés et d’artistes. Les œuvres des empereurs et des poètes de la cour de Hue continuent d’être étudiées et appréciées, témoignant de l’importance de la tradition littéraire dans l’histoire du Vietnam.

 

 

La Guerre du Vietnam

 

L’Offensive du Têt : un tournant décisif 

L’une des périodes les plus marquantes de l’histoire moderne de Hue est son rôle dans la guerre du Vietnam, particulièrement pendant l’Offensive du Têt en 1968. Cette offensive, lancée par les forces nord-vietnamiennes et le Viet Cong, visait à provoquer une révolte générale dans le Sud et à renverser le gouvernement sud-vietnamien. Hue, en tant que ville stratégiquement située et historiquement significative, est rapidement devenue l’un des principaux champs de bataille de cette offensive.

Pendant plus de trois semaines, la ville de Hue fut le théâtre de combats intenses et destructeurs. Les forces nord-vietnamiennes occupèrent la ville, y compris la Cité Impériale, et furent engagées dans de violents affrontements avec les forces américaines et sud-vietnamiennes. Ce siège entraîna des destructions massives des infrastructures et de nombreux monuments historiques. Les pertes humaines furent également considérables, avec des milliers de civils tués ou blessés, et de nombreux autres déplacés.

 

Offensive du Têt dans les rues de Hue

 

Les massacres de Hue

Pendant l’occupation de Hue, des atrocités furent commises par les forces communistes, notamment des exécutions massives de fonctionnaires sud-vietnamiens, d’intellectuels et de civils considérés comme des sympathisants du gouvernement sud-vietnamien. Ces massacres eurent un impact profond sur la population locale et laissèrent une marque indélébile dans l’histoire de la ville. Les fosses communes découvertes après la reprise de la ville par les forces alliées témoignent de la brutalité des événements.

 

Une dynastie en déclin

À l’époque de la guerre du Vietnam, la dynastie Nguyen n’avait plus le pouvoir qu’elle exerçait autrefois. Depuis la fin de la monarchie en 1945, la cour de Hue avait perdu son rôle politique et n’avait qu’une fonction symbolique. Cependant, les membres de l’ancienne cour et leurs descendants conservaient une certaine influence culturelle et sociale dans la région.

 

Les Empereurs abdiquent et leur neutralité

L’empereur Bao Dai, dernier empereur de la dynastie Nguyen, abdiqua en 1945, mais restait une figure symbolique importante. Pendant la guerre, Bao Dai vivait en exil en France, et son rôle était limité. La cour de Hue, dépourvue de son pouvoir politique, ne jouait pas de rôle actif dans le conflit. Toutefois, certaines familles nobles de Hue étaient divisées entre soutien au gouvernement sud-vietnamien et sympathies pour le Viet Cong, reflétant les complexités et les divisions internes du pays pendant cette période tumultueuse.

 

Dévastation et reconstruction

La guerre du Vietnam et, en particulier, l’Offensive du Têt laissèrent Hue dévastée. Les combats intenses et les bombardements détruisirent de nombreux bâtiments historiques, y compris des parties de la Cité Impériale. La destruction des infrastructures civiles et des habitations fit de Hue une ville marquée par la guerre, nécessitant des efforts massifs de reconstruction après la fin des hostilités.

 

Impact sur le patrimoine culturel

Les dégâts infligés à la Cité Impériale et à d’autres monuments historiques de Hue eurent un impact profond sur le patrimoine culturel du Vietnam. La perte de ces structures, certaines datant de plusieurs siècles, représenta une perte inestimable pour l’histoire et la culture vietnamiennes. Les efforts de restauration entrepris après la guerre, avec l’aide d’organisations internationales, ont permis de préserver et de restaurer certains de ces trésors, mais beaucoup de dommages restent irréversibles.

 

Réconciliation et mémoire

La guerre du Vietnam laissa des cicatrices profondes non seulement sur les infrastructures de Hue, mais aussi sur sa population. La mémoire des massacres et des destructions hante encore de nombreux habitants. Cependant, la résilience de la population et les efforts de réconciliation ont aidé la ville à se relever. Aujourd’hui, Hue est non seulement un symbole de la tragédie de la guerre, mais aussi de la renaissance et de la paix.

 

 

Histoire de la Cité Impériale de Hue

 

La planification et la construction initiale (1802-1832)

 

La vision de Gia Long (1802-1820)

L’empereur Gia Long, fondateur de la dynastie Nguyen, initie la construction de la Cité Impériale de Hue en 1802, après avoir consolidé son pouvoir et unifié le Vietnam. Inspiré par la Cité Interdite de Pékin, Gia Long souhaite créer un symbole puissant de son règne et de l’unité nationale. La planification de la cité suit les principes du feng shui et de la géomancie vietnamienne, cherchant à harmoniser les structures humaines avec les forces naturelles.

 

Les travaux de Minh Mang (1820-1841)

L’empereur Minh Mang, successeur de Gia Long, continue les travaux de construction et d’expansion de la Cité Impériale. Sous son règne, plusieurs structures majeures sont érigées, incluant des palais, des temples et des pavillons. Minh Mang est particulièrement attentif aux détails architecturaux et symboliques, intégrant des éléments de la culture vietnamienne et confucéenne. La construction de la Cité Impériale mobilise des milliers d’ouvriers et d’artisans, faisant de Hue un centre dynamique d’activité et d’innovation.

 

L’âge d’or de la Cité Impériale (1832-1883)

 

L’épanouissement culturel et politique

Durant cette période, la Cité Impériale atteint son apogée en tant que centre politique, culturel et religieux du Vietnam. Les empereurs Nguyen utilisent la cité pour administrer le pays, organiser des cérémonies d’État et recevoir des dignitaires étrangers. Le Palais de la Suprême Harmonie, où l’empereur tenait ses audiences officielles, devient le cœur de la vie impériale. La cour de Hue est réputée pour sa richesse culturelle, avec des poètes, des musiciens et des érudits qui contribuent à l’éclat intellectuel de la dynastie Nguyen.

 

La construction des tombeaux royaux

En parallèle, les empereurs Nguyen font construire de somptueux tombeaux le long de la rivière des Parfums. Ces mausolées, tels que ceux de Tu Duc, Minh Mang et Khai Dinh, sont des chefs-d’œuvre d’architecture, combinant des éléments paysagers et architecturaux. Chaque tombeau reflète la personnalité et les croyances de l’empereur pour lequel il est construit, contribuant à la richesse patrimoniale de la région.

 

Tombe de l’empereur Tu Duc, Hue

 

 

Les périodes de crise et de déclin (1883-1945)

 

Les troubles internes et les pressions coloniales

La seconde moitié du XIXe siècle est marquée par des troubles internes et une pression croissante des puissances coloniales, notamment la France. L’influence étrangère et les révoltes internes affaiblissent progressivement l’autorité des empereurs Nguyen. L’architecture de la Cité Impériale commence à souffrir de négligence et de dégradations. En 1885, les troupes françaises envahissent Hue, pillant la Cité Impériale et imposant leur contrôle sur la dynastie Nguyen, qui devient alors largement symbolique.

 

La modernisation et la résistance

Au début du XXe siècle, les empereurs tentent d’introduire des réformes et de moderniser le pays, mais ces efforts sont souvent contrecarrés par l’administration coloniale française. L’empereur Khai Dinh (1916-1925) adopte un style de vie plus moderne, intégrant des éléments occidentaux dans son règne et dans la construction de son tombeau. Cependant, cette modernisation est perçue par beaucoup comme une perte d’identité nationale et culturelle.

 

La Guerre du Vietnam et ses conséquences (1945-1975)

 

L’impact de la Guerre

La guerre du Vietnam (1955-1975) laisse une empreinte indélébile sur Hue et sa Cité Impériale. En 1968, durant l’Offensive du Têt, Hue devient le théâtre de l’une des batailles les plus sanglantes du conflit. La Cité Impériale subit de lourdes destructions : des palais, des temples et des résidences sont endommagés ou détruits. La guerre affecte gravement la structure physique et l’intégrité historique de la cité.

La reconstruction et la préservation

Après la fin de la guerre en 1975, des efforts de reconstruction et de préservation sont entrepris pour restaurer la Cité Impériale. Les habitants de Hue, aidés par des organisations nationales et internationales, travaillent pour restaurer les monuments endommagés et préserver l’héritage culturel de la ville. En 1993, la Cité Impériale est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, reconnaissant son importance historique et culturelle et garantissant des efforts continus pour sa protection et sa restauration.

 

 

La culture et les traditions de Hue

 

Comme on a pu le voir, Hue est un véritable trésor de culture et de traditions. La ville est connue pour son riche patrimoine artistique, ses festivals colorés et sa cuisine raffinée. Explorons plus en détail ces aspects uniques qui font de Hue une destination culturelle incontournable.

 

La musique et la poésie

 

Le Nha Nhac : musique de Cour vietnamienne

Le « Nha Nhac », ou musique de cour vietnamienne, est l’une des formes d’art les plus emblématiques de Hue. Reconnue par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité, cette musique était autrefois jouée lors des cérémonies royales et des fêtes impériales. Le Nha Nhac utilise des instruments traditionnels tels que le dan bau (monocorde), le dan nguyet (luth à deux cordes), et les tambours de bronze. Cette musique est souvent accompagnée de chants poétiques qui célèbrent la nature, l’amour et la loyauté. Les performances de Nha Nhac offrent un aperçu fascinant de la sophistication culturelle de la cour de Hue.

 

Performance de nha hac à Hue

 

La poésie à la cour de Hue

Les empereurs de la dynastie Nguyen, comme Minh Mang et Tu Duc, étaient de fervents amateurs de poésie. La poésie faisait partie intégrante de la vie à la cour, avec des concours réguliers et des lectures publiques. Les poèmes composés à cette époque reflétaient souvent les préoccupations politiques, les émotions personnelles et les observations sur la nature. La tradition poétique de Hue a laissé un héritage durable dans la littérature vietnamienne, influençant les générations futures d’écrivains et de poètes.

 

 

Les Festivals traditionnels

 

Le Festival de Hue

Le Festival de Hue, organisé tous les deux ans, est le plus grand événement culturel de la ville. Ce festival célèbre l’héritage impérial de Hue à travers une série de spectacles de musique, de danse, de théâtre et d’arts martiaux. Les visiteurs peuvent assister à des reconstitutions historiques, des processions religieuses et des expositions d’art. Le festival attire des artistes et des visiteurs du monde entier, transformant la ville en une scène vivante de célébration culturelle.

 

Spectacle lors du festival de Hue

 

Le Tet : Nouvel An Vietnamien

Le Tet, ou Nouvel An vietnamien, est une autre fête majeure célébrée avec ferveur à Hue. Pendant cette période, les familles se réunissent pour honorer leurs ancêtres, échanger des vœux et partager des repas festifs. Les rues de Hue s’animent avec des marchés colorés, des décorations lumineuses et des défilés de dragons. Les rituels traditionnels, tels que la présentation des offrandes et la danse du lion, sont des aspects essentiels de cette fête, offrant aux visiteurs une expérience authentique de la culture vietnamienne.

 

La Fête de la Mi-Automne

La Fête de la Mi-Automne, ou Têt Trung Thu, est une célébration dédiée aux enfants. Pendant cette fête, les enfants portent des lanternes colorées et participent à des défilés joyeux dans les rues. Les familles préparent des gâteaux de lune, des fruits et des friandises, partageant ces délices avec leurs voisins et amis. La Fête de la Mi-Automne est une occasion pour les enfants de Hue de se divertir et de participer à des jeux traditionnels, renforçant les liens communautaires et familiaux.

 

 

L’art culinaire de Hue

Les plats de Hue sont parmi les plus célèbres du Vietnam. En voici quelques-uns ci-dessous.

Bun Bo Hue : la soupe de nouilles épicée

Le « bun bo Hue » est l’un des plats les plus célèbres de la cuisine de Hue. Cette soupe de nouilles au bœuf épicée est préparée avec un bouillon parfumé à la citronnelle, au piment et à la pâte de crevettes. Le plat est souvent garni de tranches de bœuf, de pieds de porc, de cubes de sang de porc et de nouilles de riz épaisses. Le bun bo Hue est un véritable festin pour les papilles, offrant un équilibre parfait entre les saveurs salées, épicées et umami.

 

Bún bò Hue, plat emblématique de Hue

 

Banh Beo : galettes de riz à la vapeur

Les « banh beo » sont de petites galettes de riz à la vapeur garnies de crevettes séchées, d’échalotes frites et de ciboule. Elles sont servies avec une sauce à base de nuoc mam (sauce de poisson) et de vinaigre, apportant une touche d’acidité qui équilibre la douceur des galettes. Les banh beo sont souvent consommées comme en-cas ou plat d’accompagnement et sont particulièrement appréciées pour leur texture moelleuse et leur goût délicat.

 

Plat Banh Beo

 

Com Hen : riz aux palourdes

Le « com hen » est un plat de riz aux palourdes servi avec des légumes, des herbes et des épices. Ce plat est typiquement préparé avec des palourdes fraîches de la rivière des Parfums, qui sont cuites avec du riz et assaisonnées de piment, de gingembre et de sauce de poisson. Le com hen est connu pour sa combinaison unique de saveurs et de textures, offrant une expérience culinaire authentique de Hue.

 

>> Pour avoir une vue complète des plats de Hue, vous pouvez consulter notre article sur les plats typiques et les bonnes adresses.  

Les arts et l’artisanat

 

La fabrication de chapeaux coniques

Les chapeaux coniques, ou « non la », sont un symbole emblématique de la culture vietnamienne. À Hue, la fabrication de ces chapeaux est un art transmis de génération en génération. Les artisans de Hue utilisent des feuilles de palmier soigneusement sélectionnées et des techniques de tissage minutieuses pour créer ces chapeaux légers et durables. Les chapeaux coniques de Hue sont souvent décorés de motifs artistiques, ajoutant une touche d’élégance à leur fonctionnalité.

 

La broderie et la soie

La broderie est un autre art traditionnel de Hue, avec une longue histoire de création de vêtements et d’accessoires exquis. Les brodeurs de Hue utilisent des fils de soie colorés pour créer des motifs complexes sur des tissus de soie, représentant souvent des scènes de la nature, des fleurs et des animaux. Les produits en soie de Hue, tels que les écharpes, les vêtements et les tableaux brodés, sont prisés pour leur beauté et leur artisanat de haute qualité.